Centro de Documentación Mapuche Documentation Center
Temoignage de Abraham Santi Calbullanca

 

 

Mapuche qui a perdu son œil droit à cause d’une balle perdue des carabiniers chiliens

castellano


Aujourd’hui 18 février 2001, je veux dénoncer et exposer ce qui suit :

Etant originaire de la Communauté de Pascual Cona, située dans la Neuvième région, Province de Arauco, commune de Canete- Chili.

1. Avec pour objectif de chercher de nouvelles perspectives de développement personal et du fait de la précaire condition sociale et économique de la communauté en raison du manque de terres, situation qui se retrouve dans la majorité des communautés, j’ai dû migrer en Janvier 2000 à Santiago du Chili, dans le but d’étudier une carrière professionnelle. J’ai dû travailler pour financer mes études et malgré cela j’ai terminé deux semestres dans une Université. Je suis revenu sur ma terre pour prendre quelques vacances et en même temps aider ma famille dans les travaux des champs qui se réalisent au printemps et c’est donc dans ce but que je me suis rendu dans la demeure de ma voisine Hortencia Aguayo pour y acheter des fruits afin d’en faire une boisson très typique à cette époque de l’année (chicha).

2. Lorsque je suis arrivé dans la communauté le 26 Janvier 2001 vers 10 heures du matin, celle-ci se trouvait mobilisée pour la demande historique de terre et pour ce faire avaient organisé une occupation pacifique d’un terrain proche usurpé par l’entrepreneur touristique Osvaldo Carvajal Rondenelli. En l’espace de quelques minutes (approximativement 10) est arrivé un contingent de carabiniers de 100 policiers, ils ont donné l’assaut sur le  lieu où se trouvait la communauté, ils ont saccagé, fait feu, maltraité et insulté chacun des membres de la communauté qui se trouvait sur leur chemin, sans aucun respect de la propriété, des vieux ou des enfants.

Les policiers ont tiré à bout portant et à cause de cela, aux côté de Sra Hortencia Aguayo nous avons quitté le lieu mains sur la tête, malgré tout ce fait n’a pas été pris en compte par des gens qui tirent à vue , j’ai  alors reçu dans mon œil gauche une balle, tout en étant en même temps insulté et en faisant l’objet de sourires ironiques de la part des carabiniers.

Malgré cela et avec l’envie de sortir vivant, je me suis enfuit en direction de la route principale en compagnie de ma sœur qui réside dans l a communauté, arrivé à la route principale j’ai arrêté un véhicule particulier qui m’a ramené jusqu’au dispensaire de Canete, distant d’environ 30 Kms, avec l’espoir d’être soigné en urgence mais cela ne s’est pas déroulé ainsi, on ne m’a pas porté assistance dans ce lieu, mais on m’a recommandé de me présenter à Conception le lendemain, distant d’environ 170 Kms. Je n’ai pas tenu compte de ce conseil et je me suis rendu par me propre moyens, un trajet d’environ cinq heures, à l’hôpital malgré le malaise et la douleur qu’avait produit l’impact. heureusement dans ce lieu j’ai été soigné et hospitalisé en urgence.

Je remercie Dieu d’être encore en vie compte tenu que tout cela aurait pus m’être fatal, malgré que les soins donnés dans les dispensaires étaient loins d’être de bonne qualité, c’est à l’Hôpital de Concepcion qu’il on fini de m’extraire l’œil droit. Et après cette démonstration cruelle de racisme et d’atteinte à notre peuple, seul m’est resté l’espoir qu’un jour on me rende justice à moi et à mon peuple que réclame justice et en particulier à attirer l’attention de ce gouvernement dirigé par M. Ricardo Lagos qui applique des lois édictées sous la dictature.

Il est également important de dénoncer qu’après ce qui m’est arrivé dans ce lieu, on a procédé à des détentions et des mauvais traitements absolument arbitraires dans les domiciles des membres de la communauté Pascual Cona, produisant de véritables mises à sac dans les maisons semant ainsi la terreur chez les enfants, les femmes et les anciens de la communauté, qui ont été emprisonnés en vertu de la Loi de Sécurité Intérieure de l’Etat (Loi créée par Pinochet).

Il est clair de souligner que cette attitude du gouvernement dont l’instrument sont les carabiniers est et a été constante et chaque fois mieux planifiée, à cela s’ajoute le cas des femmes qui ont été victimes de mauvais traitements ce qui a provoqué des avortements, des enfants blessés à bout portant dans leur propre maison et dans mon cas un homicide raté, les médias intervenus dans cette affaire ont falsifiés les faits et désinformé l’opinion publique avec des faits faisant état d’une toute autre version.

Pour tout ce qui a été relaté ci-dessus, et pour avoir été victime de la répression gouvernementale, je dénonce :

(a) La violations ystématique et plannifiée de mes et des droits de l’homme envers les Mapuche du Chili incité par le Président Ricardo Lagos…

(b) Le manque d’une réelle volonté politique de la part des autorités de l’Etat pour trouver une solution et rendre les terres usurpées.

(c) Une attitude de négation pour réparer ou m’indemniser pour la perte de mon œil droit, situation qui m’a rendu et me maintient réellement importent puisque cela a stoppé mes perspectives de développement personnel et familial et en particulier ma carrière professionnelle de topographe.


J’assume pleinement la responsabilité des faits que je dénonce et j’en appelle à la solidarité de tous.

Salutations

Abraham Santi Calbullanca
C.I. 10.587.777-3

Traduction à Paris, le 26 Février 2001 par Laurence Domoaukafé par solidarité avec ce frère blessé dans sa chair et son esprit
MARI MARI CHI WEU ! ! ! !
Laurence Domoaukafé